Bebekan 19
Un long silence, mais plein de rebondissements que voici :l
Un remake d’Asterix le Gaulois L’inauguration officielle du Sanggar Giri Gino Guno s’est déroulée le 7 juin en présence du Directeur Général de Carrefour Indonésie, Jean-Noël Bironneau, et le maire de la ville de Bantul, Idam Samawi, dont dépend le village de Bebekan. Une inauguration au pied levée. Car deux jours avant, les habitants de Bebekan et les autorités locales refusaient encore que cette inauguration ait lieu. En effet, le Corporate directeur de Carrefour, l’Indonésien chargé depuis le début de la construction du sanggar et avec qui nous avons eu les problèmes déjà évoqués dans les précédentes lettres, voulait faire signer à l’organisation du village un contrat qui stipulait, entre autres, que « le sanggar était la propriété de Carrefour, ainsi que tous les biens donnés par Carrefour au sanggar ». Du jamais vu dans l’aide humanitaire, le donateur restant propriétaire de ce qu’il donne. Une autre clause du contrat stipulait que le sanggar devait s’appeler « Sanggar Giri Gino Guno Carrefour ». Nous sommes aussitôt allés trouver le chef du Canton, qui nous est acquis et qui de plus est juriste de formation et un homme intègre. Il nous a avoué que si le premier projet de reconstruction de l’école proche de Bebekan par Carrefour avait échoué, c’est parce que Carrefour avait présenté un contrat avec des clauses irrecevables. Pour ne pas dire insultantes. A la javanaise, le maire de Bantul avait reçu le corporate directeur avec un grand sourire, mais trois semaines après, sans prévenir Carrefour, la reconstruction de l’école avait été confiée à un entrepreneur local avec le financement du gouvernement régional. Dans le cas du sanggar, le mal, ou plutôt le bien était fait : l’édifice était désormais construit sans aucun contrat préalable. Nous pouvions donc refuser de signer le contrat. Sauf que dans ce contrat, Carrefour s’engageait en plus à nous verser environ 2500 euros pour l’achat de matériels et 550 euros par mois pendant un an pour les frais de fonctionnement du sanggar. Mais nous sommes restés fermes et unis, au risque de perdre l’aide financière de Carrefour. Nous avons envoyé un mail au corporate directeur de Carrefour lui rappelant les instructions du maire de Bantul juste après le séisme : « Tous les donateurs qui souhaitent apporter de l’aide aux victimes du séisme doivent s’engager à respecter l’identité et la souveraineté des habitants de Bantul. En d’autres termes, les habitants de Bantul n’acceptent pas d’être commandés ni dirigés par un donateur quelconque. » Nous terminions le mail en disant qu’avant d’envisager toute collaboration future avec Carrefour et avant que l’inauguration du sanggar puisse avoir lieu, P.T. Carrefour devait reconsidérer les termes du contrat. Mon côté Jeanne d’Arc avait tendance à inciter les villageois à dérouler des banderoles autour des piliers du sanggar pour dénoncer les termes du contrat. Mais eux, plus sages, et sur les conseils du chef du canton, optent pour « la résistance passive ». La force d’inertie : On ne dit rien. On ne bouge pas. On n’est au courant de rien. Quand l’assistante du corporate directeur arrive de Jakarta à Bebekan pour préparer l’inauguration, les villageois l’ignorent : Une inauguration ? De quoi ? Ici ? Dans notre villageoise ? Par qui ? Pas au courant. Affolé, le corporate manager téléphone au chef du canton qui lui répond que Carrefour peut venir inaugurer le sanggar comme il l’a programmé le 7 juin, mais qu’aucun habitant de Bebekan et aucune autorité locale ne sera présent. Panique du corporate directeur qui dit que ce n’est pas possible, que son directeur général se déplace spécialement de Jakarta pour ça etc… Le chef du canton reste inflexible. Alors le corporate directeur demande si c’est négociable. Bien sûr, répond le chef du canton, venez dans mon bureau demain. Le lendemain, veille de l’inauguration, le corporate directeur prend l’avion de Jakarta et se retrouve avec les membres de l’organisation du sanggar dans le très modeste bureau du chef du canton qui raye toutes les clauses inacceptables et en dicte de nouvelles : « Le sanggar est la propriété de l’organisation du village ainsi que tous les biens donnés au sanggar par des tiers ». « Le sanggar s’appelle « Sanggar Giri Gino Guno ».
Point. Le soir même, le sigle et les lettres du Sanggar Giri Gino Guno offertes par Carrefour sont placés sur le mur de la face est du sanggar. Au-dessous, les ouvriers apposent une petite plaque en cuivre, tout à fait discrète et légitime, disant que le sanggar a été construit par Carrefour. Apprenant cela, le corporate directeur téléphone au village et donne l’ordre de retirer immédiatement cette plaque, paniqué à l’idée que les irréductibles Gaulois de Bebekan prennent à nouveau la mouche et boycottent l’inauguration prévue le lendemain. Le lendemain 10h du matin : Asep fait un premier bref discours pour remercier le maire et le directeur général de Carrefour présents. Je prends ensuite la parole, en indonésien puis en français :« Le Sanggar Giri Gino Guno a été construit sur deux évènements tragiques, à savoir la déportation en 1942 de Monsieur Gino, propriétaire du terrain, par l’armée japonaise dans un camp de travail forcé à Sumatra, et le tremblement de terre du 27 mai 2006. Mais aujourd’hui, les habitants de Bebekan, avec l’aide de Carrefour, ont transformé ce passé malheureux en un rêve bien réel et magnifique. Puisse le Sanggar Giri Gino Guno favoriser la rencontre de la culture de l’entre aide communautaire des citoyens de Bantul avec le monde fascinant mais impitoyable de la mondialisation. Merci »Jean-Noël Bironneau, le directeur général de Carrefour, sourit d’un air entendu aux derniers mots de mon discours. Le maire de Bantul, lui, les reprend à son compte: « Oui, comme le dit Elisabeth, le monde de la mondialisation est impitoyable… ». Il remercie vivement Carrefour, même s’il est connu pour avoir déclaré que tant qu’il serait maire de Bantul, aucun hypermarché n’obtiendrait l’autorisation de s’installer dans sa ville où les marchés traditionnels sont encore très vivants et vitaux. Il en profite pour faire un bilan de la reconstruction, un an après le séisme : plus de 90% des maisons individuelles sont déjà reconstruites et 70% des édifices publics (écoles, hôpitaux), une performance exceptionnelle quand on sait que la région de Bantul avait près de 200.000 maisons détruites. Ce succès est dû à une approche « micro » et personnalisée de l’aide, comme nous l’avons pratiquée à l’instinct à Bebekan, sans faire appel, pour la reconstruction des maisons, à l’aide internationale, et en impliquant au maximum les populations concernées. Ce succès, masqué par la manne financière de l’aide aux victimes du tsunami d’Aceh et son gaspillage et détournement inouïs, mériterait d’être étudié par les organismes internationaux pour inventer de nouveaux modèles de gestion des catastrophes. Foto bupatiL’inauguration se termine par un spectacle de reog. Le directeur général de Carrefour est totalement séduit par le sanggar, il en comprend parfaitement l’esprit et nous dit qu’il a « arrondi » la somme qui nous est allouée à 100 millions par an, ce qui fait 8.333.333 rupiah par mois (750 euros environ) au lieu des 6 millions prévus. Il semble bien n’avoir jamais été tenu au courant de nos problèmes avec le corporate directeur. Les quatre mois qu’aura duré la construction fut un remake d’ « Astérix le Gaulois », avec le corporate directeur de Carrefour et son entrepreneur dans le rôle des légions romaines et Bebekan dans celui du village d’irréductibles Gaulois. L’entre aide communautaire face à la loi implacable du libre échange mondial. Mais voilà qu’aujourd’hui il leur est donné d’apprendre à vivre ensemble à travers le Sanggar Giri Gino Guno.
Le sanggar et ses multiples activités Pendant ces deux mois, nous commençons les aménagements nécessaires au fonctionnement du sanggar : rayonnages de bibliothèque, tables, chaises, réparation des parties mal construites par l’entrepreneur commissionné par Carrefour etc, révision de toute l’installation électrique etc…Nous recrutons trois jeunes institutrices habitant non loin de Bebekan pour assurer les cours de soutien scolaire, trois fois par semaine à plus d’une centaine d’enfants d’école primaire de Bebekan et de cinq autres villages voisins. Nous commençons à classer les livres dont nous disposons déjà pour la bibliothèque avec Siwi, la jeune femme du village que nous avons formée comme comptable et bibliothécaire. Nous fabriquons nous-mêmes les cartes d’inscription et de présence, nous photographions tous les enfants puis imprimons des plaques de photos d’identité pour les coller surles cartes. Puis lorsque l’argent de Carrefour tombe, nous achetons d’autres livres, trois ordinateurs …Le mardi 11 septembre, les premiers cours de soutien scolaire commence, puis dans la même semaine les cours d’anglais et d’informatique (ces derniers donnés par les deux jeunes filles de Bebekan que nous avons formées et qui s’avèrent très compétentes. )Nous sommes encore en train d’acheter des livres et des DVD pour la bibliothèque, le choix doit être judicieux et cela prend un peu de temps, nous démarchons aussi des éditeurs pour qu’ils nous donnent des livres, puis Siwi, utilisant un programme informatique gratuit fabriqué par une association indonésienne pour la liberté informatique (kali.openlib.info), rentre toutes les données dans l’ordinateur. Toutes les personnes qui travaillent régulièrement au sanggar sont payées sur le budget des 8,3 millions de rupiah donné par Carrefour. Les salaires sont bien entendu des salaires locaux. Pour vous donner une idée :Les institutrices sont payées 25.000 rupies (2 euros) pour chaque séance de trois heures de cours, ce qui leur fait environ 300.000 rupies par mois (25 euros), plus que leur salaire d’institutrice débutante (environ 200.000 rupies pour enseigner tous les jours, de 7h à 10h du matin). Les deux hommes de ménage et gardiens de nuit sont payés chacun 350.000 rupiah par mois, ils font un mi-temps, ce qui correspond donc à un peu plus de moitié du salaire minimum à Yogyakarta qui est de 600.000 rupiah par mois (50 euros).Les deux jeunes professeurs d’informatique du village touchent 10.000 rupiah pour deux heures de cours. C’est peu payé, mais elles sont à l’essai après avoir reçu une formation gratuite. Et elles-mêmes ont accès quand elles le souhaitent aux ordinateurs et bientôt à internet (que nous allons installer cette semaine, du wireless). La secrétaire et bibliothécaire touche 500.000 rupiah par mois, pour un mi-temps (elle travaille l’après-midi essentiellement).Asep, le directeur du sanggar touche 1.500.000 rupies (soit 120 euros), le salaire de loin le plus élevé mais plus qu’un plein temps, sachant en plus qu’il a des frais importants de téléphone et d’essence qui ne sont pas pris en charge par le sanggar. Les professeurs de danse sont payés beaucoup plus proportionnellement, soit 50.000 rupiah pour une heure de cours, mais c’est le tarif, sachant qu’ils viennent de la ville et sont très qualifiés, tous ayant déjà enseigné ou dansé à l’étranger. Tous les cours et les activités du sanggar sont gratuits et ouverts aux habitants de Bebekan et des 5 villages autour, soit une population d’environ 2.500 habitants.
Si j’expose tous ces chiffres, c’est pour vous montrer ce que sont les vrais salaires et budgets dans une économie de village ou de région sub-urbaine en Indonésie. Avec 750 euros par mois, nous pouvons faire fonctionner un centre communautaire entièrement gratuit avec plus de cents enfants en primaire, 50 élèves en informatique, autant en anglais, autant en danse et d’autres activités encore, comme la bibliothèque. Nos bureaux sont dans le sanggar même, pas en ville, nous n’avons donc pas d’autres frais de fonctionnement.
Une fois par mois, nous accueillons le « posyandu », les femmes enceinte ou ayant des bébés ou enfants en bas âge et les personnes du troisième âge, pour la pesée des bébés, l’examen de santé par la clinique ambulante et un repas « diététique » cuisiné par les femmes à tour de rôle et consommé sur place par tous, grands et petits. Pour soixante dix enfants, le posyandu touche une subvention de la mairie de 37.000 rupiah( 3 euros) pour la totalité des enfants, soit plus de 70 ! Nous avons ajouté une contribution de 100.000 rupiah que nous prenons sur le budget de fonctionnement du sanggar.
Fin juin, le sanggar a accueilli un groupe de journalistes français invités dans un voyage de presse organisé par ASIA. Le directeur d’ASIA, Jean-Paul Chantraine, qui suit l’aventure de Bebekan de près et avec passion, nous a donné de l’argent pour offrir un dîner « campagnard » et un spectacle de reog aux journalistes. Le spectacle de reog s’est terminé sur un des danseurs en transe sur les gradins du sanggar qui a fait une danse solo éblouissante, son corps guidé par un flux de beauté au confluent du ciel et de la terre de Bebekan.
La coopérative de « emping » avec 32 femmes, fonctionne bien, même si le problème de l’écoulement de la production n’est pas simple. KDK, la petite ONG locale qui a monté avec Asep cette coopérative, a terminé en septembre son programme de six mois (financé par le gouvernement australien) et nous devons à présent faire fonctionner l’affaire seuls, avec les femmes. Nouveau casse-tête.
Réconciliation par les arts traditionnels (topeng)Tout n’est pas rose tous les jours. Nous traversons souvent des moments de découragement, Asep et moi, et des questionnements sur notre place dans cette aventure et combien de temps elle va durer, vers où elle va nous mener. La grosse déception que nous avons eue vient du groupe de reog. Les avons-nous trop gâtés en leur achetant tous les instruments et les costumes ? Non. Nous ne pouvons regretter ce geste, car il fut salvateur dans les mois qui ont suivi le tremblement de terre. Le reog a fait fonction de thérapie pour tout le village. Mais depuis que la vie a repris son cours normal, la motivation semble s’être retirée. Le leader du groupe semble être le frein principal (Pak Jamhari qui fabrique les masques), il fait le difficile lorsque nous leur trouvons un spectacle, il trouve que ce n’est pas assez payé alors que le groupe n’a pas encore de « nom », qu’il est à ses débuts. Spontanément, le groupe ne se réunit plus pour s’entraîner comme il le faisait pendant les mois qui ont suivi le séisme.
Nous avons parlé de ce problème à divers artistes de Yogyakarta qui connaissent bien les arts traditionnels des villages alentour. Il semble que tous les groupes traditionnels de danse, de théâtre comique (ketoprak) ou de théâtre d’ombres (wayant kulit) dans les villages sub-urbains de la région de Yogyakarta ne s’entraînent que quand ils ont un spectacle en vue, et par conséquent une rémunération. Jadis, il y avait sans cesse des spectacles, donc les groupes s’entraînaient constamment. Mais aujourd’hui, l’art traditionnel est délaissé par les jeunes, les groupes s’entraînent donc moins, ils deviennent donc de moins en moins bons et sont donc de moins en moins demandés en spectacle. Comment briser ce cercle infernal ?
Plusieurs amis artistes « professionnels » dont Bondan (un grand homme de théâtre Ketoprak) et Fredi (le leader d’un groupe chantant tous les instruments du gamelan en aca pella) nous ont conseillé d’ignorer pendant quelques mois le groupe de reog et de nous concentrer sur l’entraînement des enfants, plus souples, plus avides d’apprendre et de se transformer que leurs parents ou frères aînés. Puis lentement, certains adultes, envieux du talent développé par les enfants, viendront se joindre à eux. C’est ce que nous faisons depuis deux mois et effectivement, lentement, certains musiciens et danseurs de reog montrent le désir de jouer sur la danse des enfants.
Le maire de Bantul, Idam Samawi, un homme formidable, démocrate et intègre, a réuni récemment toutes les personnalités artistiques de la région (Asep était présent en tant que directeur du sanggar) pour leur dire que le séisme et l’aide qui en a découlé a créé de profondes jalousies et la zizanie au sein des populations villageoises, jusqu’au sein même de familles. Pourtant les sommes, comparées au tsunami d’Aceh, étaient minimes (15 millions de rupiah, soit 1.200 euros, par maison à reconstruire). Mais l’argent, quelque soit la somme, provoque des bouleversements terribles, de la cupidité, des rivalités, de l’amertume etc… Le maire estime que les habitants de la région de Bantul (au sud de Yogyakarta, la plus touchée par le séisme et composée de milliers de village) est profondément blessée, malade, entamée par cette aide qui était pourtant absolument nécessaire. Il est temps, a-t-il dit, de lancer un mouvement de « réconciliation » entre voisins, villages, entre membres même d’une même famille. Et cette réconciliation doit être conduite par les artistes traditionnels. A nous donc d’y travailler à l’échelle de Bebekan. Patiemment, dans la confiance, la bonne humeur et un certain détachement, même si notre engagement est total.
Asep et moi sommes aussi allés consulter, non loin de Bebekan, Pak Haji, à la fois chef spirituel musulman mais aussi mécène des arts traditionnels de la région, un homme débonnaire, vivant dans une maison totalement chaotique, pleines de statuettes étranges, d’oiseaux en liberté. Il a d’importantes terres, il vit modestement mais a pas mal d’argent et étant une personnalité respectée, sait canaliser les dons d’institutions ou de personnes fortunées. C’est lui qui a construit les escaliers montant au cimetière de Bebekan, c’est lui qui nous prête son groupe électrogène pour les spectacles etc…Il a participé au grand carnaval de Bantul dans le rôle d’un danseur clown dans le groupe de reog de Bebekan. Il nous a dit que lui-même recevait parfois des lettres anonymes d’insultes, qu’il ne fallait pas écouter la rumeur des hommes, que seul, l’œil de Dieu importait, et que Dieu nous avait, Asep et moi, d’un bon œil, mais qu’il l’aurait mauvaise si nous partions tout d’un coup de Bebekan, que nous n’avions pas le droit de nous décourager, que nous n’avions pas fini notre travail… Tout cela dit sur un ton hilare.
Fossoyeurs ou gardien de tombeaux ? Le destin de Bebekan s’est en fait renversé depuis le séisme : avant le tremblement de terre, ce village était considéré par les villages voisins comme un village arriéré, à part, presque mis au ban, ne comptant aucun fonctionnaire (sauf une institutrice), ses habitants étant tous des paysans sans terre. Depuis le premier jour où je suis arrivée à Bebekan, j’ai eu le sentiment d’être dans un village de « hors caste », ou « d’intouchables », même si ce concept n’existe plus en Indonésie depuis l’arrivée de l’islam. A-t-il existé pendant les siècles où Java était hindouisée ? En tout cas, c’est comme si les gens de Bebekan avaient intégré une « malédiction » ou une fatalité : celle d’avoir (telle est ma supposition) été jadis les fossoyeurs des tombes perchées au sommet de la colline de Bebekan et dont on voit bien qu’autrefois elles descendaient bien plus bas sur les pentes. On imagine qu’il s’agissait là d’une famille, d’un clan, d’une toute petite communauté de « fossoyeurs », considérés comme impurs parce que touchant aux cadavres, mais aussi peut-être sacrés, parce que veillant sur les tombes. Les fossoyeurs étaient-ils aussi gardiens de tombeaux ? A Java, les gardiens de tombeaux (Juru Kunci) sont des êtres humbles, pauvres, mais très respectés. Le fait d’être enterré au sommet d’une colline est un signe de noblesse. Tous les sultans de Java depuis le XVIIème siècle sont enterrés à Imogiri, une colline au sud de Yogyakarta avec un escalier colossal montant jusqu’à ces tombeaux entourés de murs et de portes en pierres et briques. Dans le cimetière de Bebekan, sont enterrés les habitants de Bebekan bien sûr, puisque c’est leur terre, mais aussi des personnalités des environs souhaitant reposer « au sommet de la montagne ». Mais dès la deuxième heure après le tremblement terre, lorsque la rumeur d’un tsunami a couru, près de mille habitants de la plaine autour de Bebekan sont venus se réfugier au sommet du cimetière où ils ont passé la nuit. Ainsi, déjà, le destin de Bebekan avait basculé : Bebekan est devenu soudain une sorte d’Arche de Noé, un lieu de refuge et d’accueil. A présent, c’est le sanggar Giri Gino Guno, la Montagne doublement utile, qui devient un pôle pour tous les villages alentour.
Le cercle du mocopat Ce pôle a attiré récemment un nouveau et heureux développement au sanggar : le mocopat. Le mocopat est la poésie chantée classique javanaise. En fait toute la littérature ancienne de Java était et est encore chantée, même si elle est écrite. Et le mocopat en est la prosodie. On est comme en Inde, dans le cas d’une littérature écrite, mais qui résonne encore, dont les lettres ne sont pas muettes, qui fait remonter le sens à son origine : le son. Des groupes de gens lettrés ou pas, modestes ou riches, femmes et hommes, se retrouvent le soir pour chanter en cercle un grand poème, un traité de moral ou de sexualité, une épopée ou une chronique palatine. Ils chantent, chacun à tour de rôle, quelques vers, et avancent ainsi dans la nuit et dans le poème. Juste par amour pour la beauté, la poésie. Il n’y a là aucun enjeu. On ne cherche à devenir ni riche, ni célèbre, ni le meilleur. Certains chantent mal, mais on les laisse chanter leur part, sans grimacer ni se boucher les oreilles, dans un esprit de tolérance et de sympathie, car aussi faux qu’ils chantent, eux aussi sont amoureux des arts et on leur doit le plus grand respect. Parfois, entre deux récitants, la personne la plus lettrée du cercle fait une exégèse des vers précédents. Personne n’est là pour les écouter, pas de spectateurs, ils chantent pour eux et pour se mettrent en résonance avec le ciel, le vent, les bambous qui craquent dans la nuit, les grillons et grenouilles, les vendeurs ambulants de soupe à la peau de buffle... Un groupe des environs nous a demandé s’il pouvait venir répéter, trois fois par mois, au sanggar, sous le grand pavillon, que ce serait un lieu idéal pour le mocopat. Ils sont un peu plus d’une vingtaine, et de semaines en semaines, quelques habitants de Bebekan se joignent à eux : un conducteur de cyclo-pousse, une vendeuse de bouilli de riz et son mari, cordonnier ambulant aux porte du palais… Certains n’ont jamais lu de livre de leur vie, peut-être ne comprennent-ils pas toutes les paroles savantes ou codées des vers en javanais, mais le fait de les faire résonner en eux leur permet d’en saisir l’intelligence vibratoire, comme une ingestion sonore, et le son dans le corps se fait sens. Ils participent ainsi à la plus haute philosophie et poésie de Java, et ces nuits de mocopat à Bebekan ennoblissent tous les participants.
Nous avons parlé de ce problème à divers artistes de Yogyakarta qui connaissent bien les arts traditionnels des villages alentour. Il semble que tous les groupes traditionnels de danse, de théâtre comique (ketoprak) ou de théâtre d’ombres (wayant kulit) dans les villages sub-urbains de la région de Yogyakarta ne s’entraînent que quand ils ont un spectacle en vue, et par conséquent une rémunération. Jadis, il y avait sans cesse des spectacles, donc les groupes s’entraînaient constamment. Mais aujourd’hui, l’art traditionnel est délaissé par les jeunes, les groupes s’entraînent donc moins, ils deviennent donc de moins en moins bons et sont donc de moins en moins demandés en spectacle. Comment briser ce cercle infernal ?
Plusieurs amis artistes « professionnels » dont Bondan (un grand homme de théâtre Ketoprak) et Fredi (le leader d’un groupe chantant tous les instruments du gamelan en aca pella) nous ont conseillé d’ignorer pendant quelques mois le groupe de reog et de nous concentrer sur l’entraînement des enfants, plus souples, plus avides d’apprendre et de se transformer que leurs parents ou frères aînés. Puis lentement, certains adultes, envieux du talent développé par les enfants, viendront se joindre à eux. C’est ce que nous faisons depuis deux mois et effectivement, lentement, certains musiciens et danseurs de reog montrent le désir de jouer sur la danse des enfants.
Le maire de Bantul, Idam Samawi, un homme formidable, démocrate et intègre, a réuni récemment toutes les personnalités artistiques de la région (Asep était présent en tant que directeur du sanggar) pour leur dire que le séisme et l’aide qui en a découlé a créé de profondes jalousies et la zizanie au sein des populations villageoises, jusqu’au sein même de familles. Pourtant les sommes, comparées au tsunami d’Aceh, étaient minimes (15 millions de rupiah, soit 1.200 euros, par maison à reconstruire). Mais l’argent, quelque soit la somme, provoque des bouleversements terribles, de la cupidité, des rivalités, de l’amertume etc… Le maire estime que les habitants de la région de Bantul (au sud de Yogyakarta, la plus touchée par le séisme et composée de milliers de village) est profondément blessée, malade, entamée par cette aide qui était pourtant absolument nécessaire. Il est temps, a-t-il dit, de lancer un mouvement de « réconciliation » entre voisins, villages, entre membres même d’une même famille. Et cette réconciliation doit être conduite par les artistes traditionnels. A nous donc d’y travailler à l’échelle de Bebekan. Patiemment, dans la confiance, la bonne humeur et un certain détachement, même si notre engagement est total.
Asep et moi sommes aussi allés consulter, non loin de Bebekan, Pak Haji, à la fois chef spirituel musulman mais aussi mécène des arts traditionnels de la région, un homme débonnaire, vivant dans une maison totalement chaotique, pleines de statuettes étranges, d’oiseaux en liberté. Il a d’importantes terres, il vit modestement mais a pas mal d’argent et étant une personnalité respectée, sait canaliser les dons d’institutions ou de personnes fortunées. C’est lui qui a construit les escaliers montant au cimetière de Bebekan, c’est lui qui nous prête son groupe électrogène pour les spectacles etc…Il a participé au grand carnaval de Bantul dans le rôle d’un danseur clown dans le groupe de reog de Bebekan. Il nous a dit que lui-même recevait parfois des lettres anonymes d’insultes, qu’il ne fallait pas écouter la rumeur des hommes, que seul, l’œil de Dieu importait, et que Dieu nous avait, Asep et moi, d’un bon œil, mais qu’il l’aurait mauvaise si nous partions tout d’un coup de Bebekan, que nous n’avions pas le droit de nous décourager, que nous n’avions pas fini notre travail… Tout cela dit sur un ton hilare.
Fossoyeurs ou gardien de tombeaux ? Le destin de Bebekan s’est en fait renversé depuis le séisme : avant le tremblement de terre, ce village était considéré par les villages voisins comme un village arriéré, à part, presque mis au ban, ne comptant aucun fonctionnaire (sauf une institutrice), ses habitants étant tous des paysans sans terre. Depuis le premier jour où je suis arrivée à Bebekan, j’ai eu le sentiment d’être dans un village de « hors caste », ou « d’intouchables », même si ce concept n’existe plus en Indonésie depuis l’arrivée de l’islam. A-t-il existé pendant les siècles où Java était hindouisée ? En tout cas, c’est comme si les gens de Bebekan avaient intégré une « malédiction » ou une fatalité : celle d’avoir (telle est ma supposition) été jadis les fossoyeurs des tombes perchées au sommet de la colline de Bebekan et dont on voit bien qu’autrefois elles descendaient bien plus bas sur les pentes. On imagine qu’il s’agissait là d’une famille, d’un clan, d’une toute petite communauté de « fossoyeurs », considérés comme impurs parce que touchant aux cadavres, mais aussi peut-être sacrés, parce que veillant sur les tombes. Les fossoyeurs étaient-ils aussi gardiens de tombeaux ? A Java, les gardiens de tombeaux (Juru Kunci) sont des êtres humbles, pauvres, mais très respectés. Le fait d’être enterré au sommet d’une colline est un signe de noblesse. Tous les sultans de Java depuis le XVIIème siècle sont enterrés à Imogiri, une colline au sud de Yogyakarta avec un escalier colossal montant jusqu’à ces tombeaux entourés de murs et de portes en pierres et briques. Dans le cimetière de Bebekan, sont enterrés les habitants de Bebekan bien sûr, puisque c’est leur terre, mais aussi des personnalités des environs souhaitant reposer « au sommet de la montagne ». Mais dès la deuxième heure après le tremblement terre, lorsque la rumeur d’un tsunami a couru, près de mille habitants de la plaine autour de Bebekan sont venus se réfugier au sommet du cimetière où ils ont passé la nuit. Ainsi, déjà, le destin de Bebekan avait basculé : Bebekan est devenu soudain une sorte d’Arche de Noé, un lieu de refuge et d’accueil. A présent, c’est le sanggar Giri Gino Guno, la Montagne doublement utile, qui devient un pôle pour tous les villages alentour.
Le cercle du mocopat Ce pôle a attiré récemment un nouveau et heureux développement au sanggar : le mocopat. Le mocopat est la poésie chantée classique javanaise. En fait toute la littérature ancienne de Java était et est encore chantée, même si elle est écrite. Et le mocopat en est la prosodie. On est comme en Inde, dans le cas d’une littérature écrite, mais qui résonne encore, dont les lettres ne sont pas muettes, qui fait remonter le sens à son origine : le son. Des groupes de gens lettrés ou pas, modestes ou riches, femmes et hommes, se retrouvent le soir pour chanter en cercle un grand poème, un traité de moral ou de sexualité, une épopée ou une chronique palatine. Ils chantent, chacun à tour de rôle, quelques vers, et avancent ainsi dans la nuit et dans le poème. Juste par amour pour la beauté, la poésie. Il n’y a là aucun enjeu. On ne cherche à devenir ni riche, ni célèbre, ni le meilleur. Certains chantent mal, mais on les laisse chanter leur part, sans grimacer ni se boucher les oreilles, dans un esprit de tolérance et de sympathie, car aussi faux qu’ils chantent, eux aussi sont amoureux des arts et on leur doit le plus grand respect. Parfois, entre deux récitants, la personne la plus lettrée du cercle fait une exégèse des vers précédents. Personne n’est là pour les écouter, pas de spectateurs, ils chantent pour eux et pour se mettrent en résonance avec le ciel, le vent, les bambous qui craquent dans la nuit, les grillons et grenouilles, les vendeurs ambulants de soupe à la peau de buffle... Un groupe des environs nous a demandé s’il pouvait venir répéter, trois fois par mois, au sanggar, sous le grand pavillon, que ce serait un lieu idéal pour le mocopat. Ils sont un peu plus d’une vingtaine, et de semaines en semaines, quelques habitants de Bebekan se joignent à eux : un conducteur de cyclo-pousse, une vendeuse de bouilli de riz et son mari, cordonnier ambulant aux porte du palais… Certains n’ont jamais lu de livre de leur vie, peut-être ne comprennent-ils pas toutes les paroles savantes ou codées des vers en javanais, mais le fait de les faire résonner en eux leur permet d’en saisir l’intelligence vibratoire, comme une ingestion sonore, et le son dans le corps se fait sens. Ils participent ainsi à la plus haute philosophie et poésie de Java, et ces nuits de mocopat à Bebekan ennoblissent tous les participants.
Mangir ou le dernier village franc de Java Ce mocopat est, en bien plus modeste et rudimentaire, le salon de musique de Satyajit Ray. Il dure de 8h du soir à minuit, la psalmodie tourne avec le thé et le café, les arachides cuites à la vapeur, les beignets de banane et les « fleurs de dragon » (friandise locale). Lors de leur dernière rencontre, je leur ai demandé ce qu’ils allaient chanter cette nuit, car ils tenaient tous un petit livret jaune : « Mangir ». Un poème écrit par les poètes officiels du palais de Yogyakarta dans les chroniques palatines (Babad Kraton) plus d’un siècle et demi après l’avènement de cette tragédie, fondatrice du royaume de Mataram (Yogyakarta). Cela se passe en 1577. Un prince, Senopati, a assujetti tous les petits royaumes alentour. Seul, le village franc de Mangir lui résiste. Mangir est situé à 20 kms au sud de Yogyakarta… à 5 kms de Bebekan. En fait, à cette époque, Bebekan faisait vraisemblablement partie de ce gros village de Mangir. Senopati attaque Mangir, mais lors des premiers combats, Mangir gagne. Senopati, mortifié, convoque tous les sages et stratagèmes de son royaume (Mataram). Tous lui font la même réponse : le chef de Mangir (Wanabaya) est bien trop habile à l’art de la guerre, jamais Senopati ne pourra le vaincre, sinon par la ruse, mais la plus vile des ruses. Les sages lui conseillent d’envoyer Pambayun, la fille aînée de Senopati, danseuse et belle comme tout, séduire le prince de Mangir. La jeune Pambayun part, se fond comme danseuse de charme dans une fête populaire à Mangir, et Wanabaya (le chef de Mangir) tombe aussitôt fou d’elle. Ils font tant et si bien l’amour que Pambayun s’éprend à son tour de Wanabaya et tombe enceinte. A l’approche du neuvième mois, elle avoue enfin à Wanabaya que son père est le pire ennemi de Mangir : Senopati. Wanabaya, stupéfait, mais toujours épris de Pambayun, se résout à aller présenter ses hommages à son beau père. Pambayun, le ventre gros, prête à accoucher, et Wanabaya, quittent donc le royaume de Mangir et se rendent à Mataram. Ils entrent dans le palais, Senopati les reçoit, assis sur son trône en pierre. Pambayun et Wanabaya se prosternent à ses pieds. Lorsque le front du chef de Mangir touche le sol, Senopati se lève, se saisit de la pierre de son trône et en fracasse la tête de Wanabaya. C’en est fini du dernier village franc, Mataram va asseoir sa toute puissance centralisatrice sur Java. Le sultan actuel de Yogyakarta, Hamengkubuwono X, homme remarquable par ailleurs, est le dixième de cette dynastie Mataram fondée sur un crime des plus bas. Qu’est-il advenu de Pambayun et de l’enfant qu’elle avait dans son ventre ? Les chroniques palatines n’en parlent pas. Comme si avec le meurtre du chef de Mangir, toute sa descendante était aussi décapitée, rayée de l’histoire officielle, pour en finir une bonne fois pour toute de ces velléités d’insoumission. Le grand écrivain indonésien, Pramoedya Ananta Toer, décédé il y a un an, a écrit une pièce de théâtre sur Mangir alors qu’il était détenu pour « communisme » sur l’île-camp de Buru dans les Moluques, dans les premières années de la dictature Soeharto, version « marginale», bien différente de la version officielle racontée par les chroniques palatines, c'est-à-dire le parti des vainqueurs.
Calamité et prodige Le mocopat a attiré dans son sillon une calamité, et dans son orbite un prodige. La calamité : c’est un arbre, appelé à Java, Jarak Pagar, en latin ou nom savant Jatropha curcas. Un des membres du mocopat est arrivé un jour avec plusieurs plans de jarak que lui a donnés un professeur d’agronomie en lui conseillant de les planter autour du sanggar, car c’est là un arbre bénéfique pour l’homme et pour l’environnement. Pour l’homme : Ses noyaux combattent les ascarides, ses feuilles soignent l’aérophagie, la toux, la fièvre et sont un antiseptique. Son écorce réduit la fatigue due aux rhumatismes et adoucit la peau. Sa gomme soigne les infections dans la bouche, ses racines guérissent de la pneumonie…Pour l’environnement : le jarak peut pousser sur des terres marginales, sèches, peu fertiles, il retient l’eau, le vent, la terre, c’est une source d’engrais organiques et un pesticide naturel, il pousse vite et constitue donc rapidement une barrière autour des maisons…et surtout, il peut servir à produire du bio-carburant. Le nouvel or vert. Quelques jours plus tard, arrive chez moi un ami que je n’avais pas vu depuis 8 ans : Demetrio, l’ancien leader des étudiants timorais de Yogyakarta avec qui j’avais en 1999, pendant deux mois, caché les deux cents étudiants pro-indépendance du Timor Oriental, alors que le Timor venait juste de voter pour son indépendance. Ils étaient poursuivis par les milices et l’armée indonésienne, il fallait leur trouver des planques, de l’argent pour tenir jusqu’à ce que le Haut Commissariat aux Réfugiés parvienne à négocier avec le gouvernement indonésien pour les faire partir à Timor Leste. Une longue histoire. Demetrio est aujourd’hui le directeur de la plus intelligente ONG environnementaliste de Timor Leste (Haburas, Goldman Environmental Prize 2004). Il me dit que cet arbre jarak est une peste. Il vient de mener un combat contre une compagnie étrangère qui a planté des jaraks sur d’immenses étendues à Timor Leste pour produire des bio-carburants, et son ONG a gagné le combat. Le jarak est en fait un arbre prédateur, qui pousse effectivement n’importe où, à toute vitesse, avec des racines fortes, profondes, proliférantes, impossibles ensuite à détruire, il est assoiffé, épuise l’eau du sous-sol et il produit une sorte de poison (qui peut effectivement servir de pesticide ou d’herbicide et pour cause) qui détruit toute autre végétation que lui sur la terre qu’il occupe ! Nous avons donc décidé de ne pas planter de jarak autour du sanggar. Tant pis pour le bio-carburant. Quant au prodige dans l’orbite du mocopat : c’est un gamelan, complet, qu’un homme des environs veut « mettre en pension » au sanggar, car il en a hérité de sa famille. Il n’en a pas l’usage et sans doute que sa maison est trop petite pour cet orchestre de gongs, xylophones en métal et bambou, cloches, tambours etc… très encombrant. Il pourrait le vendre, mais comme le gamelan est considéré souvent comme un « pusaka », sorte d’ armoiries de château, pouvant jouer de plus une musique lunaire divine, il préfère le confier au sanggar qui en fera un excellent usage. Sans aucun doute. Mais nouveau casse-tête : où allons-nous mettre ce gamelan ?
Réponse dans Bebekan 20, dans quelques semaines. Merci Elisabeth
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